Imaginons… Rêvons un peu…
Les formes sinueuses et sensuelles d’un violon. …Mais un violon surdimensionné et totalement translucide. A l’intérieur, enserré dans son carcan de glace, un pinceau s’affole, s’agite, s’exalte. L’instrument n’a point d’archer, c’est donc le pinceau qui fera naitre la musique, la fera jaillir de sa cangue de cristal. Il ne raconte pas d’histoire, il n’est qu’émotion brute, qu’instant pur. Il écrit une symphonie ou s’affronte l’ombre et la lumière, le jour et la nuit, le fugace et l’infini, dans les tourbillons feutrés des couleurs de l’automne.
Est-ce un combat ? …Ou bien peut être, tout simplement un juste et fragile équilibre entre deux états, deux humeurs, deux mondes interpénétrés et indissociables.
…Et le pinceau frémit, court, danse.
Il recouvre de l’intérieur les parois opalescentes d’éclaboussures de lune, de soleil, de lambeaux d’arc-en-ciel, qui se seraient égarés dans les reflets cuivrés des forets automnales.
Il pourrait aussi bien ne jamais s’arrêter, ce pinceau fou, ce pinceau ivre. Prit dans un mouvement perpétuel, il caresse sans fin les parois de verre, Il fait vibrer les cordes invisibles, effleure l’âme de l’instrument.
Et pourtant, soudainement, tout semble devoir se figer, le temps s’arrête. La sarabande des couleurs s’immobilise …Il faut bien juste que la peinture sèche !
Mais ne vous y fiez pas trop, en tendant bien l’oreille, vous pourriez percevoir comme un petit musique, comme le battement d’un cœur. …C’est sans aucun doute qu’à l’intérieur, le pinceau continue d’écrire sa partition.
Vous ne me croyez pas ? …je vous avais bien dis « rêvons un peu » non ?
Benoit Bureau Lamormenil – Mai 2015
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